fleche titre L'identification xylologique

De quoi s'agit-il ?

expertise bois

         L'une de nos principales activités consiste à effectuer des identifications xylologiques, c'est-à-dire à déterminer l'essence d'un bois grâce à l'analyse micrographique. Il s'agit d'examiner sous microscope optique l'anatomie du bois, l'agencement et la nature de ses différents éléments anatomiques, selon les trois plans du bois : transversal, radial et tangentiel.

A partir d’un morceau de bois brut ou d'un bois façonné, d'une œuvre d'art ou d'un objet archéologique, à partir même d’un charbon ou d’un fragment de bois calciné, nous vous indiquons la famille, le genre et l'espèce quand c’est possible. Nous vous communiquons en outre des informations sur la distribution et l'écologie de l'essence identifiée.


Comment procédons-nous ?
Que vous soyez conservateur des collections d'un musée, responsable d'un chantier archéologique, restaurateur, collectionneur privé, assureur, architecte, expert ou commissaire priseur, ou encore négociant en bois, les œuvres et les objets dont vous avez la charge sont fragiles et précieux : c'est pour cette raison que nous procédons par micro-prélèvements (copeaux de quelques microns) dans des zones invisibles ou peu visibles de l'objet : dos, revers, cassure, intérieur d'une fissure. Nous veillons à ce que nos prélèvements soient à peine décelables à l'œil nu.

L'idéal est de pouvoir associer l'observation macroscopique de l'œuvre ou de l'objet et l'observation microscopique en laboratoire. La première permet de percevoir la couleur, la texture et le grain, la densité, la disposition du fil, voire l'éventuel parfum du bois. Elle est utile mais relative, car sur des objets anciens et souvent altérés, ces différents paramètres peuvent varier de façon conséquente. Il est donc indispensable d'observer la structure du bois à la loupe et au microscope. Pour ce faire, il est nécessaire de confectionner des lamelles très minces, orientées dans les trois plans du bois.

A partir d'une très petite quantité de matériel, nous parvenons donc à obtenir des coupes très fines (de moins de 30 microns d'épaisseur) qui nous permettent, une fois montées entre lame et lamelle, de procéder à l'analyse xylologique à proprement parler. Dans le cas des charbons de bois, il suffit une simple fracture à main levée.


D'un point de vue pratique
Selon les cas, nous pouvons nous déplacer pour faire sur place l'observation macroscopique de l'objet et effectuer les prélèvements millimétriques, mais nous acceptons également de recevoir des échantillons ou fragments de petite taille pour les étudier en laboratoire : il peut s'agir par exemple d'esquilles délocalisées récupérées au cours d'une restauration, ou de fragments provenant de fouilles archéologiques.

Néanmoins, dans tous les cas, il est vivement souhaité que le demandeur nous fournisse les informations les plus précises possibles sur le contexte et sur la localisation du prélèvement.

Ces informations sont cependant moins indispensables si c'est d'un bois brut et non pas d'un objet spécifique que vous souhaitez faire identifier.



L’étude archéodendrométrique :

Dendrochronologie, dendromorphologie, dendroprovenance, dendrotypologie, tracéologie

La dendrochronologie est la technique de datation d’échantillons de bois par la comparaison de séries de largeur de cernes avec des chronologies ayant valeur de référence. La date déterminée est celle de la coupe de l’arbre. Il faut ensuite estimer celle de la fabrication qui, dans le cas des objets et œuvres d’art, peut varier de quelques mois à quelques années.

Attention : tous les taxons ne sont pas analysables, Cette technique ne s’applique pas aux fruitiers (merisier, noyer, poirier, pommier…).

Les taxons analysables par dendrochronologie sont les suivants :

L’accès aux cernes, visibles sur la face transversale du tronc, est indispensable : on les retrouve sur les tranches (chants) des planches des panneaux peints ou des ais des manuscrits, à la base et/ou au sommet d’une sculpture… Cet accès se fait au moyen d’un micro-nettoyage (évacuation manuelle par brossages fins), une micro-projection ou un micro-sablage avec protection globale de l’objet et mise en place d’une fenêtre de dégagement.

Dans tous les cas, des clichés macro-photographiques des cernes sont réalisés. Ainsi, la mémoire de ces cernes est conservée et les mesures n’affectent pas l’objet par des manipulations répétées qui pourraient le fragiliser. Les mesures sont faites à l’aide d’un logiciel spécifique qui permet de les intégrer dans une base où elles seront traitées statistiquement. Répétées par souci de précision et de sécurité, ces mesures sont agglomérées en une série moyenne.

L’archéo-dendrométrie répertorie et évalue les différentes observations qualitatives et quantitatives sur la matière travaillée qu’est le bois. L’état ligneux et ses propriétés hétérogènes et anisotrope rendent souvent manifestes et compréhensibles les sectionnements, les enlèvements ou les arrachements de matière. Complémentaires à la dendrochronologie, la tracéologie et les observations morphométriques permettent alors de restituer les diverses étapes de fabrication (savoir-faire) de l’arbre (ecofact) à l’objet (artefact), d’identifier les outils employés et de différencier les marques de façonnage, d’usages (tracéologie) et d’usure (tribologie) et parfois même d’en déterminer la durée et la manière d’emploi mais aussi de considérer le bois comme un traceur économique (sélection, commerce) ou culturel.